Marie Courselle,
vigneronne au Château Thieuley, au cœur du Bordelais
Marie Courselle, accompagnée de sa sœur Sylvie, dirige le Château Thieuley, une propriété viticole de 80 ha en plein cœur de l’Entre-deux-Mers.
Passionnées par la vigne, le vin et la convivialité, goûts hérités de leurs parents, Marie et Sylvie Courselle travaillent main dans la main pour faire vivre les traditions bordelaises, tout en y insufflant un vent de modernité et de fraîcheur.
Marie Courselle a bien voulu nous faire découvrir son quotidien au Château Thieuley, une interview à ne pas manquer !
Carte d'Identité du domaine
Zoom : les vins de Bordeaux made in Château Thieuley
Résolument inscrites dans la tradition bordelaise, les sœurs Courselle vinifient au château des rouges, blancs et rosés typiques de la région. Des vins d’assemblage, qui associent parfaitement les arômes des cépages traditionnels du vignoble bordelais et rendent hommage à des siècles de perfectionnement !
Mais ce n’est pas tout, Marie et Sylvie Courselle produisent également des vins plus originaux, hors AOC, fruits de leurs talents de vigneronnes. Entre cuvées natures, vins monocépages et bouquets audacieux de cépages résistants, les propositions innovantes du domaine ont de quoi ravir les curieux.
La viticulture : une passion familiale chez les Courselle
Au Château Thieuley, la viticulture est une affaire de famille. La passion des vignes et du vin s’est transmise de génération en génération depuis 1950, date à laquelle l’exploitation est entrée dans la famille Courselle.
Aujourd’hui, ce sont Sylvie et Marie Courselle qui gèrent le domaine, avec autant de passion et de rigueur que leur père et leur grand-père avant elles.
Pour Marie Courselle, qui s’est prêtée au jeu des questions-réponses pour la préparation de ce portrait, le métier de vigneronne était une évidence, dès l’enfance : “En fait, je ne me suis jamais trop posé la question. On a grandi avec ma sœur sur cette exploitation, avec ce terrain de jeu assez étonnant et nous sommes donc très attachées à notre territoire, à nos paysages. Et je crois qu’on s’est toujours dit qu’on reprendrait, toutes les deux, parce que c’est vraiment une histoire de famille et c’est aujourd’hui vraiment à deux que l’on travaille, c’est un vrai travail d’équipe.”
- Sa journée type : il n’y en n’a pas ! Marie Courselle est partout à la fois, là où on a besoin d’elle : dans les vignes, au chai, en visite guidée, au bureau pour l’administratif, en dégustation, en repas avec les clients…
- Ce qu’elle préfère dans son métier : avoir les mains dans la terre et ses journées très variées.
- Son moment préféré dans les vignes : l’approche des vendanges, quand le millésime se dessine.
La viticulture durable vue par Marie Courselle : agir aujourd’hui pour demain
Marie Courselle définit la viticulture durable ainsi : “une viticulture où l’Homme n’a quasiment plus besoin d’intervenir. Une viticulture durable c’est une viticulture où on parvient à une interaction parfaite entre le végétal et le terroir, ce qui fait que l’Homme va intervenir le moins possible.”
Elle rappelle que les changements effectués aujourd’hui n’auront de réel impact que dans quelques saisons, voire quelques années, et que c’est aussi ça être responsable en viticulture durable : agir aujourd’hui pour les générations futures et faciliter ainsi la transmission d’une activité viable et résiliente.
- Il faut par exemple patienter entre 3 et 5 ans pour que les pratiques mises en place pour améliorer la qualité des sols portent leurs fruits, une période de transition durant laquelle les rendements sont plus faibles et les vignes parfois plus fragiles. Mais une fois cette période de transition passée, les bénéfices sont bel et bien au rendez-vous : “on a des zones où on peut laisser la vigne tranquille, on passe moins pour tout, parce qu’il y a un vrai équilibre qui s’est créé entre les milieux naturel et cultivé.”
- L’utilisation de cépages résistants, en l’occurrence du Sauvignac et du Cabernet cortis, soulève quant à elle la question de la typicité des vins de Bordeaux, puisqu’ils ne font pas partie des assemblages habituels. Ils ne correspondent pas non plus aux cahiers des charges des appellations d’origine contrôlée. Autrement dit, ils ne peuvent pas entrer dans la composition des AOC typiques du Bordelais. En revanche, ces cépages sont beaucoup moins sensibles aux maladies, les risques de mauvaise récolte sont donc nettement plus faibles.
3 bonnes pratiques mises en place au Château Thieuley
Dans le cadre de la démarche Terra Vitis, engagée en 2017 par Sylvie et Marie Courselle, différentes bonnes pratiques ont pu être mises en œuvre sur l’ensemble du vignoble :
L’élevage des vins sur lies, qui permet de réduire drastiquement la quantité de soufre utilisée pour la vinification : en l’espace de 10 ans, les doses de soufre ont été divisées par 2. Cette méthode de vinification produit par ailleurs des vins blancs qui pourront vieillir longtemps, chose rare !
La garantie de transparence : “je fais ce que j’écris et j’écris ce que je fais”. Toutes les interventions sont consignées et doivent être justifiées, c’est l’un des points clés du cahier des charges Terra Vitis.
La recherche de fournisseurs locaux pour valoriser le circuit court et réduire l’empreinte carbone du domaine viticole.
Et pour la suite ?
Plusieurs chantiers d’importance attendent Marie et Sylvie Courselle pour l’avenir. Certains s’inscrivent directement dans la continuité des travaux entamés pour “respecter au mieux le milieu naturel et avoir un maximum de biodiversité “. Concrètement, cela passe par le rassemblement des parcelles pour limiter les trajets, la plantation de haies entre les vignes pour favoriser la biodiversité ou encore la plantation de nouveaux cépages résistants .
Mais pour tous les mener à bien, Marie Courselle reconnaît que l’équipe n’est pas assez nombreuse : “Il faudrait que l’on recrute une ou deux personnes de plus, parce que ça prend plus de temps de faire ce travail là”.
Malheureusement, le manque de main d’œuvre est un mal chronique de la viticulture française, et le bordelais ne fait pas exception. Au contraire, le problème est accentué par la pénurie de logements de la région, un constat qui pousse Marie Courselle à imaginer des solutions innovantes : “On est en train de se dire qu’il faudrait construire des logements pour le personnel, ça fait partie des choses que l’on voudrait faire.”
C’est justement pour pouvoir accompagner les adhérents face à toutes les problématiques qu’ils peuvent rencontrer, ici celle de la main d’œuvre et des conditions de travail des salariés, que la démarche Terra Vitis s’est construite sur les 3 piliers du développement durable : sociétal, économique et environnemental.
Autour des vins du Château Thieuley : oenotourisme et conseils dégustation
Le Château Thieuley est ouvert au public depuis toujours, cela fait partie de l’ADN du domaine familial : “L’oenotourisme, pour nous c’est important, l’accueil à la propriété. Dès qu’on nous demande si on peut venir c’est toujours oui, il y a toujours une place pour que notre domaine soit ouvert et qu’on puisse partager notre métier.”
Ainsi, plusieurs activités sont proposées au cours de l’année, en plus des visites et dégustations. Le Château Thieuley organise par exemple tout l’été les “Jeudis soirs dans les vignes”, avec, au programme une visite du vignoble suivie d’un repas convivial, concocté à partir des légumes du potager du château.
Il y a également des portes ouvertes deux fois par an, des évènements ponctuels organisés avec des partenaires locaux : marché de producteurs, accords mets-vins locaux, etc., autant d’activités relevant de l’oenotourisme durable.
Les conseils dégustation de Marie Courselle : accords mets et vins locaux !
Un vin blanc sec de 2019 avec des huîtres du bassin, et un tour de moulin de bon poivre
Un vin blanc de 2018 ou 2019 avec un fromage de chèvre local, un trait d’huile d’olive, et quelques brins de thym sauvage
Informations pratiques
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération.
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